Nous sommes en le 17 septembre 1986. Ce jour-là, Top Gun est enfin à l’écran et les salles obscures françaises voient défiler une noria de petits garçons, d’adolescents et de jeunes adultes fa scinés par l’aviation en général, les avions de chasses en particulier et toujours galvanisés par l’opposition Est-Ouest de l’époque, la fameuse Guerre Froide. Dès le lendemain, tous parlent à leurs camarades de classe ou collègues de bureaux de ces fins MiG-28, prêts à en découdre avec les F14 Tomcat.
Un MiG virtuel pour affronter Maverick
On le sait maintenant : le MiG-28 n’a jamais existé. Maverick et ses collègues risquaient d’avoir du mal à croiser un vrai MiG à l’époque. Le fameux MiG-29 n’est entré en service qu’en 1983 et malgré les ressources d’Hollywood, il semble compliqué d’en obtenir un exemplaire. Certes, l’URSS de l’époque commence déjà à s’effondrer, touchée en plein cœur par l’échec de plus en plus évident de l’expédition en Afghanistan et saignée à blanc par la course à l’armement et la guerre des étoiles menées par l’Amérique de Reagan. En outre, les effets spéciaux n’en sont alors qu’aux balbutiements et il semble inconcevable de « recréer » un MiG-29 en image de synthèse.
Top Gun : l’art du Dogfight
Malheureusement, pour faire un bon film il faut un bon adversaire. Le long-métrage américain met en avant la rivalité entre Maverick (Tom Cruise) et Iceman (Val Kilmer) mais pour montrer la bravoure de ces pilotes de la Navy, élèves à la fameuse académie « Top Gun » créée pour remettre en avant l’art du « dogfight », il fallait des ennemis valables. Lors de la Guerre du Vietnam les premiers F4 Phantom ne disposaient plus de canons tant les stratèges américains ne juraient plus que par le missile à longue distance et l’art du combat rapproché s’était émoussé outre-Atlantique. Bref, il fallait à nos héros un ennemi de qualité pour s’entraîner à l’art délicat du combat tournoyant : ce sera le MiG-28.
Le Northrop F-5E Freedom Fighter en guise de MiG
Un indice aurait du nous mettre la puce à l’oreille, à l’époque : aucun MiG ne portait un nombre pair… Des Sukhoi oui (le Su-24 Fencer par exemple), mais jamais des MiG. Pour simuler l’adversaire, la production eut recours au Northrop F-5E Freedom Fighter alors en service dans les Agressors Squadron de l’USAF. Dotés de capacités de vol proches des MiG-21 constituant le gros de la flotte soviétique, le F-5 s’avérait l’avion d’entraînement parfait pour l’entraînement au dogfight. Par ricochet, c’était la solution la plus facile pour la production du film : un bon coup de peinture noire, une étoile rouge sur la dérive, et hop, l’affaire était dans le sac.
Arnaque à l’américaine
Forcément, le frêle chasseur semble ne pas faire le poids face à l’imposant F-14 Tomcat mais il dispose d’une agilité que le chasseur embarqué ne possède pas. Et puis, c’est un film américain dans une période de Guerre Froide : il convient de montrer sa force. Evidemment, le fana d’aviation de l’époque avait sans doute repéré au premier coup d’oeil l’arnaque, mais les petits garçons que nous étions non : combien sont ceux qui, aujourd’hui, croient encore en l’existence du MiG-28 ? Sans doute beaucoup.
Des Mirage comme « agressors »
Les Etats-Unis conservent encore des «Squadrons » Agressors, mais font de plus en plus appel à des sociétés privées qui opèrent des avions déclassés. On trouve ainsi dans les rang de la société ATAC des IAI Kfir, copies de Mirage 5 français, mais aussi des Mirage F1 Français sous les couleurs de Draken. De quoi donner du fil à retordre aux pilotes américains les plus chevronnés, comme à l’époque du MiG-28 !
Aller plus loin : Saab inspire Top Gun
Saviez-vous que Top Gun devait beaucoup à une publicité Saab ? En 1983, la marque suédoise fait appel à Tony Scott (le frère de Ridley) pour réaliser un spot vantant la toute nouvelle Saab 9000. Le réalisateur américain décide de mettre en scène l’automobile avec l’autre produit phare suédois : le chasseur Saab 37 Viggen. Selon le site Ciné Séries, c’est en visionnant cette publicité que les producteurs Jerry Bruckheimer et Don Simpson eurent l’idée de faire appel à Scott pour réaliser Top Gun. Il y a donc un peu quelque chose de suédois dans Maverick, vous le saurez désormais !