Parfois, avoir les chiffres devant les yeux permet de remettre en perspective les succès et les échecs en faisant abstraction de son propre souvenir, de sa déformation personnelle de la réalité. Voici donc les chiffres de production (« production numbers » ou « production figures » en anglais) des coupés et cabriolets Peugeot d’après-guerre qui permettront à chacun de se faire une idée des hauts et des bas de la marque au Lion avec ses carrosseries spéciales, le plus souvent construites par des sous-traitants (Pininfarina, mais aussi plus récemment Steyr-Magna-Puch).
Un classement plus étonnant que prévu
Classées dans l’ordre des productions les plus grandes aux plus petites, on mesure le succès qu’a représenté le Coupé 406 à une époque où cette carrosserie faisait sans doute moins recette que dans les années 70. Avec son design élégant, très Peugeot tout en se démarquant franchement de la 406 berline dont il dérivait, ce coupé quasiment italien (dessiné et fabriqué par Pininfarina) a pulvérisé les scores de celui dont il descendait en toute logique, le Coupé 504 (lui aussi dessiné et fabriqué en Italie, au même endroit) qui pourtant disposait d’un alter-ego cabriolet. Mais le record restera celui de la Peugeot 206 CC qui sera à la 206 ce que la GTI fut à la 205 : un immense succès frôlant les 400 000 exemplaires. A l’inverse, on aurait pu croire que la 205 Cabriolet, issue d’un modèle à succès, aurait creusé l’écart avec la 306 Cabriolet pourtant plus grande et plus chère. Pourtant, c’est cette dernière qui l’emporte (de peu), preuve qu’un joli dessin peut changer la donne. Dans un autre ordre d’idée, le RCZ pouvait paraître incongru dans la gamme Peugeot de l’époque (d’ailleurs, il ne porte pas de chiffres, mais des lettres). L’impression générale laisse penser à un modèle exclusif et rare, accentuée par la décision brutale d’en arrêter la production : erreur, car ce coupé dérivé de la 307 lui apportant sportivité et sex-appeal arrive en cinquième position des meilleures ventes de coupés et cabriolets Peugeot d’après-guerre, en à peine 6 années de production (à comparer aux 9 ans de production du Coupé 406 : la tendance des ventes était la même avec une moyenne légèrement supérieure à 11 000 exemplaires par an). Loin devant la 308 CC qui resteront des demi-échecs.
Des gammes hétéroclites
A l’inverse, on se souvient (à tort sans doute) d’une époque bénie où les carrosseries spécifiques foisonnaient et se vendaient comme des petits pains : la réalité est plus triste et les coupés et cabriolets du Lion restèrent confidentiels dans les années 50 (203, 403). Les plus petites carrosseries relancèrent la machine (204 puis 304) quand les plus grosses restèrent anecdotiques, même la 504 Coupé et son dérivé cabriolet pourtant chère à nos cœurs. A noter : la 406 n’exista qu’en coupé tout comme son héritière la 407 ou le coupé RCZ, la 306 ne fut proposée qu’en cabriolet (on considérait la version 3 portes comme un coupé) tout comme la 205 (là encore, les versions 3 portes faisaient office de coupé), tout comme la 403 qui, à cause de l’insuccès du coupé 203, n’eut jamais droit à son coupé !
Les chiffres de production :
Les voitures sont classées par ordre décroissant de leur volume de production :
Peugeot 206 CC (2000-2007) : 369 611 ex
Peugeot 207 CC (2006-2014) : 187 843 ex
Peugeot 307 CC (2003-2009) : 174 257 ex
Peugeot 406 Coupé (1996-2004) : 107 631 ex
Peugeot 306 Cabriolet (1994-2002) : 77 834 ex
Peugeot 308 CC (2008-2014) : 75 000 ex environ
Peugeot 205 Cabriolet (1985-1995) : 72 142 ex
Peugeot RCZ (2010-2015) : 67 915 ex
Peugeot 304 Coupé (1970-1975) : 60 186 ex
Peugeot 204 Coupé (1966-1970) : 42 756 ex
Peugeot 407 Coupé (2005-2012) : 35 091 ex
Peugeot 504 Coupé (1969-1983) : 22 375 ex
Peugeot 304 Cabriolet (1970-1975) : 18 647 ex
Peugeot 204 Cabriolet (1966-1970) : 18 181 ex
Peugeot 404 Cabriolet (1962-1968) : 10 388 ex
Peugeot 504 Cabriolet (1969-1983) : 8 188 ex
Peugeot 404 Coupé (1962-1968) : 6 837 ex
Peugeot 203 Cabriolet (1951-1956) : 2 567 ex
Peugeot 403 cabriolet (1956-1960) : 2 043 ex
Peugeot 203 Coupé (1952-1954) : 953 ex
Aller plus loin :
Des projets restés lettre morte
La liste des coupés et cabriolet Peugeot d’après-guerre est longue. Pourtant, vous avez échappé à d’autres modèles, parfois passés près de la production (les 505 Coupé et Cabriolet, destinés aux USA où Peugeot avait des ambitions à la fin des années 80), ou bien simples propositions comme ce coupé 405 présenté par Heuliez qui ne séduira pas la marque au Lion.