Alors qu’à Londres, les bus à étage Routemaster sont les rois de la rue, Paris doit se contenter de très commun autobus qui n’ont a priori pas le charme de leurs homologues britanniques. Mais ce n’est pas pour des raisons folkloriques que la RATP décide de tenter l’aventure. Durant une dizaine d’années, les Berliet PCM-RE circuleront donc sur la ligne 53 Opéra-Porte d’Asnières (essentiellement) ou la ligne 94.
Le « Standard 11 mètres » donne naissance au Berliet PCM-R
Plus jeune, j’ai essentiellement fréquenté les SAVIEM SC10 mais durant les années 70 circulaient aussi leurs concurrents de chez Berliet, le PCM-R (dessiné par Philippe Charbonneaux) doté du même moteur MAN 6 cylindres de 7 litres et 135 chevaux au glouglou inimitable. Mais la fusion de Berliet et SAVIEM en 1975 ainsi qu’un coût de production supérieur dû à l’usage intensif d’aluminium et à sa suspension à coussin d’air Pneuride (Dunlop) limiteront sa carrière. Mais en cette fin des années 60, le PCM-R est tout de même commandé par la RATP à 750 exemplaires, devenant pour les parisiens aussi familier que le SC10 issu du même cahier des charges.
Réduire l’empreinte des bus et transporter plus de passagers
Au milieu des années 60, la RATP ne cherche absolument pas à rivaliser avec Londres avec des autobus à étage, mais surtout à répondre à une nouvelle problématique : avec la motorisation de masse des français, la circulation devient difficile à Paris, et il faut chercher de nouvelles solutions pour transporter plus de passagers tout en conservant la même empreinte dans le trafic. La solution va être proposée par Berliet (alors filiale de Citroën) en la personne du PCM-RE.
Un étage supplémentaire pour le PCM-RE
Il s’agit simplement d’un PCM-R raccourci (9,75 mètres contre 11), mais doté d’un étage supérieur, la fameuse impériale. Grâce à cette modification (ainsi qu’un travail sur les suspensions et les freins), le PCM-RE peut embarquer près de 50 % de passagers en plus (94 au lieu de 65 pour un PCM-R standard, pourtant plus long). Le premier prototype est présenté à la RATP en 1966. S’il n’est pas parfait au yeux des décideurs (avec une hauteur sous plafond un peu faible à l’étage), la Régie passe tout de même commande de 25 exemplaires supplémentaires afin de tester le nouvel autobus sur les lignes 53 et 94.
Succès d’estime, mais une solution inadaptée à Paris
Dans un premier temps, les usagers, parisiens comme touristes, raffolent de ce nouvel autobus “à l’anglaise”. Pourtant, rapidement, les griefs se font plus précis. Contrairement à Londres, les arrêts de bus parisiens sont relativement proches les uns des autres pour un maillage optimal de la capitale. La plupart des voyageurs rechignent à monter à l’étage de peur de rater leur arrêt.
Les PCM-RE resteront tout de même en service de 1967 à 1977, avant d’être remplacés par des SC10 (que Saviem puis RVI produiront jusqu’en 1988). Plus tard, la RATP trouvera la solution pour transporter plus de gens sur les lignes les plus chargées : les bus articulés. Les PCM-RE seront les derniers autobus à impérial en service sur le réseau parisien.