La 306, présentée en février 1993, frappait déjà un grand coup en remplaçant habilement la 309 dans la gamme Peugeot mais sa version cabriolet lancée en 1994 confirmait les nouvelles ambitions du constructeur sochalien. Habilement re-dessinée par Pininfarina, la nouvelle découvrable 4 places permettait d’améliorer encore l’image de la 306 tout en répondant à une frange non négligeable du marché. Moderne et jolie, la 306 Cabriolet entamait ainsi une carrière de près de 10 ans qui lui permettra de devenir l’une des découvrables françaises les plus produites (derrière la 206 CC, mais devant la 205 Cabriolet).
Production (1993-2002) : 77 834 exemplaires (dont 9 057 produits chez Pininfarina entre 2000 et 2002)
Signée Pininfarina, produite à Poissy (pour l’essentiel)
Depuis les années 50 et la 203, Peugeot mettait un point d’honneur à offrir à ses voitures un dérivé cabriolet. 403, 404, ou 504 maintinrent la tradition jusqu’au début des années 80, jusqu’à ce que l’offre subisse un glissement vers la citadine avec la 205 (un trajet initié, dans le groupe PSA, par la petite Talbot Samba). Au début des années 90, requinquée par une décennie de succès après avoir frôler la faillite, Peugeot revenait enfin à une offre plus logeable en proposant un dérivé décapsulé dans le segment M1 (berlines moyennes), jugé le plus à même de réunir la clientèle tout en dégageant des bénéfices. Si le style de la 306 fut conçu en interne à La Garenne, le cabriolet fit appel à nouveau à Pininfarina pour en définir la ligne générale. Attention cependant à une légende bien tenace : la 306 Cabriolet fut fabriquée pour la majeure partie à Poissy, ne quittant les rives de la Seine pour la banlieue de Turin (San Giorgio Canavese, où fut produite la 406 Coupé) qu’entre 2000 et 2002 (voir chiffres de production ci-dessus).
Peugeot 504 Cabriolet
Née dix ans après sa disparition et issue d’un segment inférieur, la 306 cabriolet est la digne héritière de la 504 cabriolet. Certes, la 205 comblait tant bien que mal l’absence d’une telle carrosserie au catalogue, mais sans avoir ni l’élégance ni l’habitabilité de la 504 dont la ligne sublime était, elle-aussi, dessinée par Pininfarina. Avec la 306, Peugeot revenait à la tradition d’un cabriolet spacieux, valorisant et agréable à l’œil tout en élargissant la cible grâce à un tarif bien plus abordable. De fait, elle réussit à se vendre près de dix fois plus que son ancêtre, complétant parfaitement la sublime 406 coupé dont la ligne ne pouvait être décemment pas être dénaturée par une version décapotable. Bien joué !
La 306 cabriolet trouve son public et valorise la gamme
Si l’offre sochalienne comprenait bien un cabriolet dans la gamme 205, cela faisait depuis août 1983 et la disparition de la 504 Cabriolet qu’elle ne proposait plus une grande découvrable dotée de 4 places confortables pour des adultes. Revenue des années de vaches maigres post-fusion d’avec Chrysler Europe, Peugeot pouvait enfin s’offrir le luxe d’un modèle plus grand et plus statutaire que la petite 205. La 306 lui en offrait l’opportunité bien plus que la grande 406, répondant par ailleurs du tac au tac à la proposition de Renault et de sa R19. Présentée en septembre 1993 au salon de Francfort (la production commence dès cette année-là 1993 avec 118 exemplaires de présérie) mais commercialisée début 1994, la 306 décapotable séduit instantanément. L’ablation de son toit et l’absence d’arceau lui confèrent une élégance rare tout en conservant une habitabilité bien supérieure à sa sœur 205 vouée à disparaître en 1995. Si la 306 cabriolet n’est qu’un produit de niche, on sait, avenue de la Grande Armée, qu’il s’agit d’un produit d’image qu’il convient de soutenir par la communication et la publicité. Et quoi de mieux, pour symboliser le slogan “quand on la voit on la veut” et marquer les esprits, que de faire appel à une star internationale : Ray Charles.
Gérard Pirès fait valser Ray Charles
Pour soutenir habilement sa nouvelle 306 cabriolet mais aussi l’ensemble de sa gamme, Peugeot fait un choix habile en faisant de Ray Charles son égérie. Alors que Georgia on my mind résonne, Ray, pourtant aveugle de naissance, prend plaisir à conduire son cabriolet frappé du Lion sur le lac salé, n’hésitant pas à faire une pointe d’humour en français : “je vous dépose quelque part”. Le tout accompagné du slogan “quand on la voit, on la veut”. Résultat, une publicité marquante pour toute une génération, bravo Gérard Pirès (réalisateur à qui l’on devra, par la suite, la série Taxi mettant en scène une autre Peugeot célèbre – 406 puis 407).
Diffusion constante
Rapidement, la 306 Cabriolet trouve son rythme de croisière, naviguant entre 9 000 et 12 000 exemplaires par an jusqu’en 1999, ne tombant sous les 8 000 unités qu’à partir de 2000. C’est à cette période que sa production est transférée en Italie pour faire de la place à Poissy pour la 206 alors en plein boom mondial. Malgré une diffusion en baisse, elle survit à toutes les autres carrosseries (arrêtées en juin 2002) pour faire le lien avec la 307 CC qui lui succède dès 2003. Pour durer, la 306 aura connu toute une palette de moteurs, de finitions, de restylage et d’une série spéciale Roland Garros qui en font l’un des plus désirables cabriolet abordable des années 90.
Peugeot 306 Cabriolet Roland Garros
Depuis 1989, Peugeot décline son partenariat avec le célèbre tournoi parisien sur sa gamme. Initiée avec la 205 (et sa version cabriolet), c’est tout naturellement qu’elle est aussi proposée en version 306 cabriolet à partir de juin 1995. D’abord en teinte dite “Roland Garros” puis “Grand Chelem”, elle propose un équipement enrichie, une sellerie spécifique (semi-cuir blanc puis semi-cuir beige), un volant en cuir, une capote électrique de série et des jantes spécifiques rappellant celles de la 205 GTI 1.9 en 15 pouces. Le nombre exact d’exemplaires produits n’est pas connu, mais elle est sans nul doute la plus rare des cabriolets de la gamme.
Un cabriolet pour tous les goûts et toutes les bourses
Profitant d’un excellent châssis dérivé de celui de la ZX et d’un renfort suffisant pour ne pas trop lui faire perdre en rigidité malgré l’absence d’arceau, la 306 Cabriolet en offre, côté moteur, pour tous les goûts ou presque (jamais un diesel ne trouvera place sous son capot, pas plus qu’un moteur trop sportif comme celui de la S16 ACAV ou 167). Lancée avec le XU7JP de 1 771 cc 8 soupapes de 103 chevaux, elle est complétée en 1996 avec le XU10J2C de 1 998 cc de 123 chevaux pour un peu plus de muscles. Avec le restylage de 1997, l’offre moteur est revisitée : TUP5JP de 1 587 cc et 90 chevaux (puis 100) en entrée de gamme, 1.8 à 16 soupapes (112 chevaux) en milieu de gamme et XU10J4R de 1 998 cc et 16 soupapes de 135 chevaux en haut de gamme. De quoi satisfaire toutes les bourses et (presque) tous les tempéraments. Pas besoin de plus en tout cas tant la voiture n’est pas, et ne cherche pas à être, sportive : tout au moins dynamique, mais pas plus.
Avec 77 834 exemplaires produits, la 306 cabriolet fait, certes, nettement moins bien que la très réussie 206 CC, mais devance la 205 d’un poil et réussit un score double de celui de la 307 CC qui lui succèdera (voir les chiffres ici). Sa ligne est encore tout à fait d’actualité aujourd’hui et la 306, très abordable en occasion, pourrait s’avérer le collector indispensable des années 2020, d’autant que les propositions actuelles se font rares en matière de cabriolets.
Photos : Peugeot, Pininfarina, DR