Si la déclinaison GTI de la 205 était prévue dès sa conception, il n’est pas sûr que ce soit le cas pour la 309 à la genèse plus compliquée. Cependant, le succès immédiat de la 205 GTI et les dessous partagés avec la 309 incitent à concevoir pour la compacte de Poissy une évolution sportive à partir de 1987. Mais si la 309 GTI est véloce, elle conserve une vocation familiale que la GTI-16 vient faire voler en éclats avec son moteur de Mi16. Une même voiture, un même sigle, mais deux philosophies différentes.
Production (1987-1993) : 24 157 exemplaires
Dont : 18 262 GTI et 5 896 GTI-16
Lieu : Poissy (78)
Décliner la griffe GTI sur la catégorie supérieure
Le succès immédiat de la 205 GTI donne rapidement des idées à Peugeot pour renforcer la gamme 309. Car si l’on compare souvent la petite lionne à la Volkswagen Golf GTI, elle se trouve dans une catégorie inférieure, celle des citadines. Pour concurrencer l’allemande, il semble logique de proposer une 309 affutée mais aussi plus policée. En changeant de catégorie, on change aussi de clientèle, moins arsouilleuse et plus sérieuse (ou responsable, à vous de choisir). Pour la 309 GTI, Peugeot va donc reprendre la recette de la 205 mais en l’édulcorant un peu : ainsi, la présentation extérieure semble un peu plus discrète, quand l’intérieur devient franchement plus austère. On retrouve tout de même les baguettes rouges tout du long de la ceinture de caisse, le logo GTI (rouge aussi) à l’arrière, et les jantes de 15 pouces typiques de la 205 GTI dans sa version 1.9 litre.
Une voiture saine, légère et vive
Globalement d’ailleurs, la 309 GTI reprend beaucoup de sa petite sœur, et notamment les trains avant et arrière. Cependant, avec un empattement plus long, la compacte semble plus équilibrée et surtout bien plus stable que la petite lionne. Certains la trouveront donc moins joueuse mais il semble que ce soit le but recherché : on le répète, sur un segment supérieur, la clientèle change et n’a plus les mêmes aspirations. D’ailleurs, la 309 récupère une direction assistée dont la 205 se passait, rendant sa conduite bien plus facile à petite vitesse ou dans les virages serrés. Sous le capot, on retrouve le 1 905 cc à injection de 130 chevaux. Avec 930 kg sur la balance, c’est plus que la 205 mais la puissance est suffisante pour en faire un jouet très agréable, grâce à sa tenue de route, son amortissement ou ses freins endurants. Attention cependant, bien que moins brutale, elle reste sensible du train arrière.
Cinq portes pour les familles
Lancée en février 1987 en 3 portes, la 309 GTI va vite recevoir le renfort d’une version 5 portes inédite sur la gamme 205, présentant une vision plus familiale du sport. Les jeunes pères de famille ne sont alors plus obligés de choisir entre un peu d’espace et un peu de punch : ils peuvent désormais avoir les deux. Fiabilité, homogénéité, habitabilité, consommation raisonnable, comportement exemplaire, la 309 GTI a tout pour plaire, y compris un tarif correctement placé et pourtant, rien n’y fait : la voiture paie son design jugé banal (ou trop proche de la 205), sa numérotation tarabiscotée et sans doute le manque de communication de Peugeot à son sujet. On réfléchit cependant à lui offrir plus de chevaux. La solution passe d’abord par un turbo (voir encadré) mais rapidement, c’est une autre voie, plus simple, qui est choisie : greffer le moteur de la 405 Mi16 dans la caisse de la 309.
Peugeot 309 Turbo
Vous ne la connaissiez pas ? Et pourtant, la 309 Turbo a bien existé en un nombre très limité d’exemplaires. Il s’agissait de pousser encore plus loin le concept de GTI et d’offrir une base de compétition pour le département PTS (Peugeot Talbot Sport). On s’attaqua donc au moteur 1.9 de la 205 GTI en lui rajoutant un turbo pour atteindre 180 chevaux sur la version Cup (de course) et 165 chevaux sur la version de route. Quelques exemplaires coururent en compétition, tandis qu’une dizaine de kits PTS fut vendue dans le commerce à des clients motivés et assoiffés de sport : il en reste aujourd’hui quelques exemplaires sans cote officielle : rares sont les propriétaires à vouloir s’en séparer quand en face, la plupart des amateurs en ignore l’existence.
Seize soupapes pour la meilleure des GTI
Il faut attendre juillet 1989 pour voir apparaître celle que beaucoup considère encore comme la plus performante des GTI d’alors : la 309 GTI-16. Avec le 4 cylindres 1 905 cc à 16 soupapes, la puissance fait un bond de 30 chevaux (passant de 130 à 160) ce qui, pour les 975 kg de la caisse, permet des performances explosives : 220 km/h en pointe, 28,5 secondes pour couvrir les 1 000 mètres départ arrêté et une agilité démoniaque. A son volant, il convient d’avoir un bagage de pilote pour aller chercher les limites. En 1990, une 309 GTI 8 soupapes coûte 107 500 francs (en 3 portes) et passe à 121 200 francs pour disposer de 16 soupapes. En comparaison, la 205 GTI 8 soupapes ne coûte que 89 600 francs : on comprend mieux pourquoi, malgré les qualités de la 309, les ventes restent faibles. Coincée entre une attrayante 205 et une valorisante 405 Mi16 (pourtant bien plus chère), la 309 GTI, quelle que soit sa version, avait du mal à trouver sa place. Enfin, la concurrence a réagi et Renault propose désormais une très réussie R19 16S certes moins puissante (140 chevaux) mais aussi moins chère (110 700 francs) et à l’image plus moderne.
Peugeot 309 GTI Goodwood
En octobre 1991, les anglais eurent la chance de voir apparaître au catalogue Peugeot une très séduisante 309 Goodwood. Portant le nom du célèbre festival, et teinté d’un vert anglais absolument charmant, la Goodwood est une GTI à 3 ou 5 portes dont l’intérieur se pare de cuir à la manière d’une 205 Gentry (ou Griffe). Vendue à 399 exemplaires, c’est une vraie rareté outre-Manche. Malheureusement, elle n’était disponible qu’en conduite à droite.
Un positionnement trop compliqué
Les 309 GTI n’évolueront plus vraiment si ce n’est, pour leur dernière année de production en 1993, une baisse de puissance générale (122 chevaux pour la 8 soupapes, 148 pour la 16 soupapes) due au passage à la catalysation. De toute façon, la clientèle n’est déjà plus très nombreuse et l’arrivée prochaine d’une 306 S16 particulièrement séduisante. Entre 1987 et 1993, la 309 GTI aura été produite à 18 262 exemplaires en 8 soupapes et 5 896 en 16 soupapes : un chiffre plutôt décevant en comparaison des 88 000 R19 16s, des 45 659 unités de la 405 Mi16 et du carton phénoménal de la 205 GTI (294 514). Malgré ses indéniables qualités, la 309 GTI restera donc une affaire de connaisseurs ou de spécialistes.
Photos : Peugeot, DR, Car Brochure Addict